Le comportement du fumeur
( I. Clauzel- Psychologue)

Le fumeur et sa cigarette : les comportements types.

"Le monde tout entier aspire à la liberté, et pourtant, chaque créature est amoureuse de ses chaînes. Tel est le premier paradoxe, le nœud inextricable de notre nature", dit un sage.

Connaître la manière dont on fume, quels liens on a tissé avec la cigarette est un premier pas pour mettre en place une stratégie de sevrage. Parmi les différents comportements qui vont être cités , repérez celui ou ceux qui sont les vôtres. Cette exercice vous aidera à mettre en place des comportements alternatifs utiles pour arrêter de fumer.

Avant de commencer, voici quelques mots pour expliquer comment ces liens avec la cigarette se mettent en place. La nicotine agit sur certains centres nerveux, elle exerce un effet sur le psychisme et sur l'humeur ( bien être, détente etc….)
Nous avons une mémoire de cette action bénéfique qui réactive l'envie de cigarette comme réponse à une situation physique, comportementale ou psychologique. Suivant le moment de la journée, l'humeur, la cigarette va avoir un rôle différent.

C'est par exemple:

. la cigarette "starter
dès le levée", pour se donner du punch
. la cigarette "coupe-faim", en fin de matinée, quand le petit déjeuner a été insuffisant
. la cigarette "pause", qui accompagne le café
. la cigarette "calmante", qui permet de faire face à la pression
. la cigarette "fin de repas " pour prolonger un moment de détente quand le repas a été trop rapide ou   trop long et trop lourd
. la cigarette "somnifère", juste avant le coucher qui ponctue la fin de la journée
. la cigarette "antidépresseur", qui donne un coup de fouet quand tout va mal.

1. La cigarette donne le rythme

Fumer prend du temps.

En effet, la consommation d'un paquet occupe deux à trois heures.
Ce comportement intervient souvent en même temps que d'autres activités pour les couper. Elle va rythmer l 'emploi du temps pendant la journée.

La cigarette sert souvent de prétexte à :

. "faire la pause" nécessaire à l'organisme pour être plus performant,
  ou encore à "recharger ses batteries"
. se concentrer pour commencer un travail difficile.

Il s'établit ainsi, petit à petit, des associations entre la cigarette et certaines circonstances particulières.

C'est par exemple:

. la cigarette avec le café,
. la cigarette au feu rouge, ou en rentrant dans la voiture,
. la cigarette repas,
. la cigarette "pub" ...

2. La cigarette est un rituel

La cigarette instaure une véritable mise en scène marquée par la répétition du mouvement et du geste.
C'est un acte entièrement automatique qui échappe à la conscience.
Les mêmes objets - paquet, briquet, cendrier,
les mêmes gestes - prendre, allumer, éteindre,
les mêmes situations - stress, pause, création,
en somme, les mêmes repères

C'est par exemple:

. la cigarette "téléphone",
. la cigarette "départ",
. la cigarette "café",
. la cigarette pour réfléchir, ...

3. La cigarette comme source d'équilibre psychologique

Le tabac est investi d'un pouvoir affectif. C'est un moyen de répondre et de réagir aux sources d'agressions affectives. C'est la possibilité de renforcer certains comportements comme :
. le plaisir (les endorphines entraînent la satiété),
. la récompense (le fumeur se shoote pour accepter),
. la contenance (le fumeur se sent plus fort),
. l'angoisse, la colère ou le stress (le fumeur prend inconsciemment du recul, se réconforte),
. la solitude (la cigarette rassure, compagnie fiable et sécurisante),
. la convivialité (avec une cigarette, le fumeur se sent appartenir à un groupe; non seulement la cigarette   lui donne le moyen d'échanger et de partager avec les autres, mais également de se donner de l'intérêt.

C'est par exemple:

. la cigarette devant un paysage magnifique,
. la cigarette en réunion professionnelle,
. la cigarette "confidente", un ou une " ami(e) "
. la cigarette compulsive devant un conflit,
. la cigarette pour "faire la fête", ...


4. Fumer, une réponse à tout

Le fumeur investit la cigarette de tous les pouvoirs, toutes les vertus. Elle se trouve chargée d'un sens différent selon les circonstances. Elle sert à tout et à son contraire.

"Elle est" :

. l'amie des moments solitaires, ennuyeux, conflictuels
ou l'accompagnatrice des moments heureux ,
. le moyen de communiquer avec les autres
ou la façon de s'isoler du monde,
. le remède pour pallier sa tristesse
ou la solution pour renforcer ses joies,
. la clé pour calmer ses angoisses
ou l'antidote pour apaiser son excitation ...
. Le fumeur vit avec sa cigarette, lui et elle fusionnent, ils ne font qu'un.
Il ne la considère pas comme un objet mais elle fait partie de son équilibre.


Comment évaluer la dépendance ?

Le tests de Horn (module 5) ou celui de Gilliard ( module 1) permettent de cerner la personnalité du fumeur, les liens qu'il a tissé au fur et à mesure du temps avec le tabac.
Après analyse de ces tests, nous disposons d'éléments suffisants pour instaurer une stratégie comportementale personnalisée du sevrage.

Si 21 jours sont nécessaires pour changer une simple habitude ... gageons que plusieurs mois sont utiles afin de changer un comportement en relation avec un processus affectif.


RETOUR